J'entre dans l'atelier l'Oasis, l'Arche à Bethléem, comme j'entre "à la maison"...Je sonne à 10h30, j'étais sûre que c'était l'heure de la pause! Au Sénevé, Karine est sûrement en train de servir le café... On m'asseoit dans le cercle du salon, on m'offre une pita et du thé, mon voisin se présente en arabe. Je ne comprends pas les mots et je sais exactement ce qu'il dit : je m'appelle Hilmi, j'habite à Beït Sahour, je travaille à l'atelier de l'Oasis et je suis de l'Arche.
C'est universel, la langue qui dit : "je suis de l'Arche".
Qui dit : je suis de cette famille qui m'accueille, que j'accueille, que je tisse avec mon histoire écorchée et sacrée. Je suis de ce Corps humain que je construis mystérieusement de ma pauvreté, et de ma joie radicale que tu soies là, simplement.
... Et si en plus, on sort un gâteau au chocolat moins d'une heure après la collation de 11h, en chantant du Taizé à une assistante allemande en larmes qui finit son année... Oui, oui, on est bien à l'Arche !
On commence à me montrer l'impressionnant travail en feutrine, toutes ces formes et ces couleurs de laine de Bethléem, pétries à la main par les amis... quand, vl'à ti pas qui se pointe : Stan Dubourg !
Ancien du Sénevé, actuellement coordinateur des communautés du Moyen-Orient.
Des graines de l'Arche en Palestine sont semées depuis 1983. Il faut attendre 2008, après des tâtonnements et des expériences fragiles, pour que le projet s'intègre plus sûrement à travers le cœur de quelques palestiniens sensibilisés : "Nous avons besoin de l'Arche dans ce pays."
La société palestinienne peut regarder les handicapés physiques comme les héros de l'Intifada, mais le handicap mental, lui reste une opprobre, frappant les familles qui en sont touchées de grand isolement.
La simple présence de l'Arche et la visite de Jean Vanier en mars dernier, sont des pierres sur le chemin de guérison.
Cette tendresse et cette unité humaine que viennent irriguer nos expériences de fragilités partagées.
Stan vient me confirmer comme cette Vie est étonnamment jaillissante, avec encore plus d'insistance et de profondeur peut-être, dans ces contextes parfois de grande angoisse... La Palestine, l'Egypte, la Syrie.
Je repars encore une fois bénie de re-découvrir toujours le don de l'Arche : ces humbles oasis de ressourcement profond, de signe d'unité dans toutes les divisions de nos terres intérieures.
La visite de Jean à Bethléem:
http://www.youtube.com/watch?v=2e6GMLlEMVc
