Un désert, c'est bien fait pour se rencontrer. J. Cagros





C'est Aude qui a fait avec moi le pas vers le désert.

Elle m'a rejoint depuis sa Normandie pour cette marche, partager cette soif insatiable d'un ciel plus large, d'un tout-Autre.
Une évasion, un silence, rien de connu déjà, nous desirons juste, comme toujours, se laisser attirer par un souffle infime, inespéré, et tracer des sentiers nouveaux.
Début de Carême dans le désert du Néguev.
On quitte Jérusalem par Jéricho, pour ensuite se confondre dans des aquarelles toutes pastels, le long de la Mer Morte.




Après une rude ascension avant les premières lueurs du jour, lever de soleil sur la mesa de Massada.
Entourées d'écoliers israëliens bruyants... Les couleurs, l'odeur, la brise silencieuse d'un matin où le monde entier peut se dévoiler dans mon coeur : je retrouve le parfum exact du Sinaï de mes 18 ans avec mon Arnaud.




"Ils ne nous auront pas vivants". L'histoire de Massada, suicide collectif de 1000 rebelles juifs (1er s. avant JC) devant leur défaite par les Romains, nourrit l'identité israëlienne d'aujourd'hui...




Devant le soleil levant, pourtant... j'ai en tête ce message pour les palestiniens criant sur ce mur qui les encercle, et que j'ai longé souvent ces 5 derniers mois.




La route vers le Sud nous fait traverser des petites villes neuves, quasi-sans relief, comme sorties miraculeusement d'une terre trop sèche. Tous ces colons vont au supermarché en jeep, un soda à la main. Deux choses me rappellent que nous ne sommes pas en Arizona : dans la rue, quelques bédouins coiffes d'un keffieh rouge et blanc. Sur les panneaux de signalisation, sur les menus... pas d'autre langue que l'hébreu.

C'est à Mitzpe Ramon que nous avons plongé dans l'immensité du désert et des ciels les plus étoilés du monde. Les monts du Néguev et le cratère époustouflant du maktesh Ramon.








Marcher dans le désert, quelle autre parabole pour dire nos vies ...
Les pieds lourds dans la poussière, on espère le prochain refuge ;
un arbre, une caverne pierreuse pour un repos toujours trop court, anodin.
Il faut déjà se relever, repartir. On n'a plus le choix que de rester en marche. Que de chercher cette source dont notre intuition parfaite s'exprime à chaque instant, par nos châteaux de sable.
Et on ne peut plus s'émerveiller que d'une petite fleur trop fragile sortie d'une terre brûlée comme d'un miracle.

C'est Carême, marchons confiants. Nos oasis sont trop souvent des mirages et la Source coule, joyeuse, éternelle.